Lorsque vous investissez dans une nouvelle entreprise, on vous remet un document appelé « term sheet » (liste des conditions). Ce document est généralement long, rédigé dans un jargon juridique et peut être difficile à comprendre. Une liste de conditions est un plan pour votre investissement. Elle explique les règles clés de l'accord. Comprendre ces règles vous aide à éviter des problèmes ultérieurs.
Ce guide explique les éléments les plus importants d'une lettre d'intention. Il s'adresse aux investisseurs suisses qui investissent entre 5 000 et 100 000 francs suisses dans des start-ups en phase de croissance.
Qu'est-ce qu'une lettre d'intention ?
Une lettre d'intention est un résumé des principaux points d'un investissement. Il ne s'agit pas du contrat juridique définitif. Considérez-la comme un accord sur les grandes lignes avant que les avocats ne rédigent les documents complets.
La plupart des clauses du term sheet ne sont pas juridiquement contraignantes. Cela signifie que vous ou le fondateur pouvez toujours vous retirer. Cependant, certaines clauses, telles que celles relatives à la confidentialité des informations, sont immédiatement contraignantes.
En Suisse, de nombreux term sheets utilisent des modèles fournis par une organisation appelée SECA [1]. Ces modèles constituent un point de départ courant. Mais chaque investissement est différent, et les détails peuvent donc être modifiés.
Pour les investissements impliquant de nombreux petits investisseurs, comme dans le crowdinvesting, les term sheets sont souvent plus simples. Ces investisseurs obtiennent généralement des actions avec moins de droits de contrôle. Cette structure aide les fondateurs à diriger l'entreprise sans avoir à demander l'autorisation de centaines de personnes pour chaque décision.
Les règles de l'argent : qui est payé ?
Les règles financières, ou conditions économiques, déterminent comment vous récupérez votre investissement et réalisez un profit. Elles protègent votre argent.
Valeur de l'entreprise : avant financement et après financement
La valeur de l'entreprise, ou son évaluation, détermine le prix que vous payez pour chaque action. Il est important de savoir si cette valeur est “ pré-financement ” ou “ post-financement ”.”
- La valeur pré-financement correspond à la valeur de l'entreprise avant votre investissement.
- La valeur post-investissement correspond à la valeur de l'entreprise après votre investissement.
Par exemple, une entreprise a une valeur pré-financement de CHF 4 000 000. Vous investissez CHF 1 000 000. La valeur post-financement est désormais de CHF 5 000 000. Vous détenez 20% de l'entreprise (1 000 000 CHF correspond à 20% de 5 000 000 CHF).
Si un fondateur se contente de dire que la valeur est de 5 000 000 CHF, cela peut prêter à confusion. Si vous pensez qu'il s'agit de la valeur pré-financement, votre investissement de 1 000 000 CHF porterait la valeur post-financement à 6 000 000 CHF. Dans ce cas, vous ne détiendriez que 16,71 TP3T [2]. Il est important que les fondateurs et les investisseurs suisses soient très clairs sur ce point [3].
Anti-dilution : protection contre la baisse de valeur
Les règles anti-dilution vous protègent si l'entreprise lève davantage de fonds à une valeur inférieure. Un tour de financement à une valeur inférieure est appelé “ down round ”.”
La norme en Suisse est appelée « moyenne pondérée anti-dilution à large base » [7]. Cette formule ajuste le prix de vos actions de manière équitable tant pour les investisseurs que pour les fondateurs.
Une règle appelée “ full-ratchet ” (clause anti-dilution) est un signal d'alarme important. Elle est très néfaste pour les fondateurs et peut rendre très difficile la levée de fonds pour l'entreprise à l'avenir [8].
Dividendes : pas une source de revenu
La plupart des nouvelles entreprises ne versent pas de dividendes, qui sont des paiements versés aux actionnaires à partir des bénéfices de l'entreprise. Les start-ups utilisent leurs bénéfices pour développer leur activité. Les term sheets contiennent souvent des règles relatives aux dividendes, mais vous ne devez pas vous attendre à en recevoir de la part d'une start-up [9].
Règles de contrôle : qui prend les décisions ?
Les règles de contrôle expliquent qui a le pouvoir de prendre des décisions dans l'entreprise.
Le conseil d'administration
Pour les investissements plus importants, compris entre 500 000 et 5 000 000 CHF, l'investisseur principal obtient souvent un siège au conseil d'administration [10]. Le conseil d'administration aide à diriger l'entreprise. Les petits investisseurs n'obtiennent généralement pas de siège au conseil d'administration.
Une nouvelle société suisse pourrait avoir un conseil d'administration composé de trois personnes : deux choisies par les fondateurs et une choisie par les investisseurs [11].
Être membre d'un conseil d'administration en Suisse est une fonction sérieuse qui comporte des risques juridiques. Les membres du conseil d'administration peuvent être tenus responsables si l'entreprise rencontre des difficultés [12]. C'est pourquoi ils ont besoin d'informations fiables de la part de l'entreprise.
Dispositions protectrices : droits de veto des investisseurs
Les dispositions protectrices donnent aux investisseurs le pouvoir de bloquer ou de rejeter les décisions importantes de l'entreprise. Ces règles protègent votre investissement, même si vous êtes un actionnaire minoritaire.
Les droits de veto courants dans les transactions suisses exigent l'accord des investisseurs pour [13] :
- Vendre l'entreprise.
- Modifiez les droits liés à vos actions.
- Créez de nouveaux partages qui sont meilleurs que les vôtres.
- Collecter plus d'argent.
- Verser des dividendes.
- Modifier le nombre de membres du conseil d'administration.
Ces règles ne vous permettent pas de gérer l'entreprise au quotidien. Elles vous donnent votre mot à dire sur les changements importants qui pourraient avoir une incidence sur votre argent.
Droits à l'information
Les droits à l'information sont des règles qui régissent les rapports financiers que vous recevez. La loi suisse vous accorde des droits fondamentaux, mais vous devriez en demander davantage dans votre contrat [14].
Les gros investisseurs obtiennent généralement [15] :
- Rapports financiers annuels vérifiés par un comptable.
- Rapports financiers tous les trois mois.
- Le plan de dépenses de l'entreprise pour l'année.
Les investisseurs participatifs reçoivent généralement des mises à jour tous les trois ou six mois via la plateforme.
Règles de sortie : comment vendre vos actions
Les règles de sortie expliquent comment vous pouvez vendre vos actions. Les actions d'une start-up sont difficiles à vendre pendant de nombreuses années.
Droits de la traîne : Les droits de sortie conjointe permettent à la majorité des actionnaires d'obliger les actionnaires minoritaires à vendre leurs actions. Cette règle contribue à garantir la vente de la société. Par exemple, si un acheteur souhaite acquérir la société et que les propriétaires détenant 80% des actions donnent leur accord, vous devez également vendre vos actions au même prix [16]. Cette règle est courante en Suisse [17].
Droits d'auteur: Les droits de suiveur protègent les petits investisseurs. Si les fondateurs vendent leurs actions, vous avez le droit de vendre vos actions au même moment et au même prix [18]. Cette règle empêche les fondateurs de laisser les autres investisseurs sur le carreau.
Droit de premier refus (ROFR): Un droit de préemption signifie que si vous souhaitez vendre vos actions, vous devez d'abord les proposer à la société ou aux autres actionnaires [19]. Cette règle rend difficile la vente de vos actions à une nouvelle personne avant que l'ensemble de la société ne soit vendu.
Règles pour les fondateurs
Ces règles s'appliquent aux fondateurs de la société, mais il est important que les investisseurs en aient connaissance.
Fondateur Acquisition des droits: L'acquisition définitive est une règle qui oblige les fondateurs à gagner leurs actions au fil du temps. Une règle courante consiste à acquérir les actions sur une période de quatre ans, sans rien gagner la première année [20]. Ce système est appelé « cliff » d'un an.
Si un fondateur quitte l'entreprise au cours de la première année, celle-ci peut racheter toutes ses actions à un prix très bas. Après un an, il obtient 25% de ses actions. Le reste est acquis mensuellement pendant les trois années suivantes. Cette règle protège l'entreprise en cas de départ prématuré d'un fondateur.
Blocages des fondateurs : Les fondateurs ne sont généralement pas autorisés à vendre leurs actions pendant une longue période. Ces règles garantissent que les fondateurs restent dans l'entreprise et s'engagent à assurer son succès.
La propriété intellectuelle pour les start-ups universitaires : Pour les entreprises créées dans des universités telles que l'ETH Zurich ou l'EPFL, les idées et les technologies, appelées propriété intellectuelle (PI), appartiennent souvent à l'université [21]. La start-up doit disposer d'un accord clair pour utiliser cette PI. Les investisseurs doivent vérifier attentivement cet accord.
Le système juridique suisse
En Suisse, deux documents principaux définissent les règles en matière d'investissement.
Les statuts sont un document public. Ils présentent la structure fondamentale de la société.
Le pacte d'actionnaires est un contrat privé entre les propriétaires. Il contient la plupart des règles de protection des investisseurs, telles que les droits de drag-along et de tag-along [22, 23]. Le droit suisse autorise une certaine flexibilité dans ce pacte, mais certaines règles ne peuvent être enfreintes [24].
Signaux d'alerte pour les investisseurs
Certaines règles figurant dans une lettre d'intention peuvent constituer un signe avant-coureur ou un signal d'alarme.
Méfiez-vous des accords trop favorables aux fondateurs :
- Aucune préférence en matière de liquidation.
- Aucune acquisition des droits par les fondateurs.
- Très peu de droits de veto pour les investisseurs.
Méfiez-vous également des offres trop avantageuses pour les investisseurs :
- Anti-dilution à cliquet intégral [25].
- Préférence de liquidation participative.
- Ce que les investisseurs obtiennent grâce au crowdinvesting
Si vous investissez un montant plus modeste, par exemple 10 000 CHF, via une plateforme de crowdinvesting, vos droits sont généralement plus limités [26].
Droits pécuniaires: Vous recevez des actions et une partie des bénéfices si l'entreprise est vendue.
Droits de contrôle: Vous n'avez généralement pas de siège au conseil d'administration ni de droit de veto.
Droits à l'information: Vous recevez régulièrement des mises à jour de la plateforme.
La négociation est possible
Les conditions générales ne sont pas définitives. La plupart des règles clés peuvent être négociées. Cependant, le pouvoir de négociation dépend de la situation.
En Suisse, les négociations sont généralement calmes et basées sur des faits [27]. Dans le cadre du crowdinvesting, vous ne pouvez pas négocier vous-même les conditions. Vous devez décider si vous acceptez l'offre telle qu'elle vous est proposée.
Pourquoi ces informations sont-elles importantes ?
Comprendre une liste de conditions vous aide à éviter les erreurs courantes. Les règles énoncées dans cette liste déterminent si vous gagnerez de l'argent, même si l'entreprise fonctionne bien. Elle constitue la base de votre relation avec l'entreprise pendant de nombreuses années. Avant de signer, prenez le temps de la comprendre.
Liste de contrôle avant d'investir
- Lisez chaque page du contrat.
- Demandez au fondateur ou à la plateforme d'expliquer tout ce que vous ne comprenez pas.
- Obtenir de l'aide : pour un investissement important (supérieur à 50 000 CHF), demandez à un avocat d'examiner le document.
- Comparer : comparez ces termes aux normes suisses, telles que les modèles SECA.
- La gestion des risques est essentielle pour réussir ses investissements. Pour les investisseurs suisses, équilibrer les paris risqués sur des start-ups dans des secteurs tels que la santé avec des investissements alternatifs plus stables est une stratégie judicieuse. Une approche multi-actifs, telle que celle proposée par CapiWell, peut vous aider à constituer un portefeuille plus solide et plus diversifié.
Références
[1] Documentation sur le modèle SECA, SECA (Association suisse des sociétés de capital-investissement et de financement des entreprises)
[2] Évaluation pré-financement et post-financement dans les cycles de financement, LEXR
[3] Présentation générale des Term Sheets, Swiss Startup Association
[4] Présentation générale des Term Sheets, Swiss Startup Association
[5] Introduction à la préférence de liquidation, LEXR
[6] Signaux d'alerte dans les conditions générales, contraires
[7] Convention d'actionnaires SECA “ light ” – Première édition – Juin 2018, SECA
[8] Protection anti-dilution dans les cycles de financement, LEXR
[9] Questions-réponses : processus d'investissement en capital-risque en Suisse, Lexology
[10] Présentation générale des Term Sheets, Swiss Startup Association
[11] Présentation générale des Term Sheets, Swiss Startup Association
[12] Obligations du conseil d'administration, Administration fédérale suisse
[13] Convention d'actionnaires SECA “ light ” – Première édition – Juin 2018, SECA
[14] Droits des actionnaires et activisme actionnarial 2023 – Suisse, Chambers and Partners
[15] Ce que les investisseurs en capital-risque américains doivent savoir sur le financement de start-ups par des entités suisses, SIGTAX
[16] Introduction aux pactes d'actionnaires, Swiss Startup Association
[17] Le pacte d'actionnaires dans la start-up (n° 3), VISCHER
[18] Introduction aux pactes d'actionnaires, Swiss Startup Association
[19] Introduction aux pactes d'actionnaires, Swiss Startup Association
[20] Comprendre les accords d'acquisition des droits et les clauses de départ, Lex Futura
[21] Spin-offs, Association suisse des startups
[22] Convention d'actionnaires : ce que les fondateurs doivent savoir, Nexova
[23] Tout ce qu'il faut savoir sur le pacte d'actionnaires (SHA), Stach Rechtsanwälte AG
[24] Guide pratique des conventions d'actionnaires : limites en vertu du droit suisse, sources juridiques (attribution du document de recherche)
[25] Modèles et conseils pour les fondateurs et investisseurs débutants, Startupticker
[26] Financement participatif : financement par capitaux propres, Office fédéral suisse de l'économie (SECO/Portail PME)
[27] Considérations culturelles en Suisse, Rivermate