Stratégies de Sortie pour les Startups Suisses : Ce que les Fondateurs et les Investisseurs doivent Savoir sur les Introductions en Bourse, les Acquisitions et les Voies Alternatives

Chaque parcours d'une startup a un objectif final. Pour les fondateurs, il peut s'agir de construire quelque chose de durable. Pour les investisseurs, il s'agit de transformer les premiers paris en retours sur investissement. Mais le chemin qui mène à la ligne d'arrivée est souvent différent de ce que l'on attendait.

La plupart des fondateurs suisses rêvent d'une introduction en bourse. La vision est claire : sonner la cloche du New York Stock Exchange ou s'inscrire à la SIX Swiss Exchange. Le nom de votre entreprise apparaît dans les journaux financiers. Les premiers employés deviennent millionnaires. C'est le sceau d'approbation final.

Voici ce que montrent les données. En 2020, les startups suisses ont réalisé 17 acquisitions et seulement 2 introductions en bourse[1]. En 2021, le nombre de sorties a atteint un niveau record. Mais les fusions-acquisitions sont toujours en tête. Elles représentaient plus de 90% de toutes les sorties[2]. Puis le marché a changé. Après le pic de 2021, les volumes de sorties ont fortement chuté en 2023. En 2024, 41 startups suisses sont sorties du marché, toutes par le biais de fusions et d'acquisitions[3]. Cette tendance se retrouve en Europe et aux États-Unis. La plupart des entreprises financées par le capital-risque sortent par le biais d'une acquisition, et non d'une cotation en bourse.

Les introductions en bourse ne sont pas impossibles. Des entreprises suisses comme On AG ont levé $746 millions d'euros lors de leur introduction à la Bourse de New York en 2021[4]. BioVersys est entrée en bourse sur le SIX Swiss Exchange en février 2025. La société a atteint une capitalisation boursière d'environ 216 millions de francs suisses[5]. Ces victoires sont réelles. Ce n'est tout simplement pas le résultat le plus courant.

Pour les fondateurs qui se projettent dans l'avenir et les investisseurs qui se fixent des objectifs, il est important de connaître toutes les voies de sortie. Cet article explique le fonctionnement des rachats d'entreprises. Il explique ce qu'exige une introduction en bourse. Et il présente les autres options qui existent sur le marché suisse.

Pourquoi les plans de sortie sont importants pour les deux parties

Les fondateurs et les investisseurs démarrent avec des échéances différentes. La plupart des investisseurs en capital-risque souhaitent une sortie dans les 5 à 10 ans[6]. La structure de leur fonds l'exige. Ils ont levé des fonds auprès de leurs propres investisseurs. Ces derniers attendent des retours sur investissement selon un calendrier précis.

Les fondateurs pensent souvent à plus long terme. Vous avez créé cette entreprise. Vous avez engagé l'équipe. Le produit porte votre vision. Vendre trop tôt peut signifier laisser de l'argent sur la table. Si vous attendez trop longtemps, vous risquez de passer à côté du bon acheteur.

Ces différents points de vue créent des tensions. En 2022, la société suisse beqom a cherché à obtenir un investissement de $300 millions de Sumeru Equity Partners[7]. L'une des principales raisons ? La promesse faite à un ancien investisseur, Goldman Sachs, de créer une bonne scène de sortie. La pression des investisseurs est réelle. Elle façonne les décisions.

Pour les investisseurs, le fait de connaître les conditions de sortie permet de fixer les objectifs du portefeuille. Si vous investissez dans 10 start-ups, la plupart d'entre elles sortiront par le biais d'un rachat. Quelques-unes risquent d'échouer complètement. L'une d'entre elles pourrait être introduite en bourse. Il est important de planifier cette répartition.

Pour les fondateurs, la planification de la sortie doit commencer tôt. Des tableaux de capitalisation clairs sont utiles. Des droits de propriété intellectuelle clairs sont utiles. Des systèmes financiers solides sont utiles. La startup suisse qui prépare sa sortie dès la première année aura plus d'options au cours de la septième année.

La voie principale : Les rachats stratégiques

Lorsqu'une startup suisse se retire, elle est généralement rachetée. Les données sont claires. Les fusions et acquisitions constituent la quasi-totalité des sorties de startups suisses[2].

Pourquoi les rachats d'entreprises sont-ils à l'avant-garde ? Rapidité et certitude. Une introduction en bourse nécessite des mois de préparation, d'approbation des règles et d'anticipation du marché. Un rachat peut être conclu dans un délai de six mois à un an[8][9]. Le résultat est plus sûr.

Qui achète les startups suisses ?

Les grandes entreprises internationales achètent souvent des innovations suisses. La liste des acheteurs du TOP 100 Swiss Startups comprend Apple, Intel, Johnson & Johnson, Pfizer, Qualcomm, Sony et Boehringer Ingelheim[4].

Pourquoi les entreprises étrangères achètent-elles des start-ups suisses ? Trois raisons principales se dégagent.

Technologie et brevets : La Suisse compte un grand nombre d'entreprises de haute technologie. Le pays dépose plus de brevets par personne que la plupart des autres pays[10]. Les acheteurs étrangers veulent cette propriété intellectuelle.

Talents et compétences : Des écoles suisses comme l'ETH Zurich et l'EPFL forment des ingénieurs et des scientifiques hautement qualifiés. L'achat d'une startup suisse signifie souvent l'achat d'une équipe entière d'experts[10].

Qualité et preuve : Une entreprise suisse qui a survécu à des années de travail, obtenu un financement et construit un produit a prouvé quelque chose. La barre de qualité est haute. Cette preuve est importante pour les acheteurs:

Exemples récents de rachats d'entreprises en Suisse

BETA CAE Systems International AG a été rachetée par Cadence, un groupe californien de logiciels, pour plus de $1,2 milliard[11]. Cette société helvético-grecque se concentre sur les logiciels d'ingénierie. Ce rachat montre à quel point les grandes entreprises technologiques américaines apprécient les compétences suisses en matière de haute technologie.

Ava AG:entreprise de technologie médicale basée à Zurich et spécialisée dans la santé des femmes, a été rachetée par FemTec Health en juillet 2022[4]. Fondée en 2014, Ava avait été régulièrement classée dans le TOP 100 des startups suisses. Cette transaction est typique de la façon dont les entreprises de santé achètent des innovateurs suisses.

Les raisons stratégiques varient d'un secteur à l'autre. Les sociétés pharmaceutiques achètent des sociétés de biotechnologie suisses pour leurs pipelines de médicaments. Les géants de la technologie achètent des entreprises d'IA suisses pour leur code et leur talent. Les entreprises industrielles achètent des startups suisses d'ingénierie pour leurs innovations.

Le point de vue du fondateur sur les fusions et acquisitions

Pour les fondateurs, un rachat d'entreprise est à la fois un soulagement et une perte. Soulagement parce que des années de travail intense prennent fin. Vos investisseurs sont rémunérés. Vos employés sont payés. L'entreprise se développera plus rapidement grâce aux ressources de l'acheteur.

Perte parce que vous perdez le contrôle. L'acheteur prend maintenant des décisions. Il peut changer la trajectoire du produit. Il peut déplacer l'équipe. Il peut supprimer des fonctions que vous aimiez.

Les négociations de rachat deviennent complexes. Au-delà du prix global, la structure de l'opération est importante. Recevrez-vous des liquidités, des actions de la société acheteuse, ou les deux ? Des compléments de prix sont-ils liés aux résultats futurs ? Devez-vous rester deux ou trois ans après la vente ? Ces conditions déterminent ce que la sortie signifie réellement pour vous.

Le point de vue des investisseurs sur les fusions et acquisitions

Pour les investisseurs, les rachats offrent des liquidités plus rapides que les introductions en bourse. Supposons que vous investissiez 2 millions de francs suisses pour une valeur de 10 millions de francs suisses. Vous possédez 20% de l'entreprise. Un rachat pour 50 millions de francs suisses signifie que vos actions valent 10 millions de francs suisses. Cela représente un rendement de 5 fois.

Mais le moment du rachat est important. Si vous vendez trop tôt, vous laissez de la croissance sur la table. Si vous attendez trop longtemps, les conditions du marché risquent de se détériorer. Le rachat idéal a lieu lorsque l'entreprise a une forte traction mais n'a pas encore atteint son apogée.

Les investisseurs poussent souvent au rachat lorsqu'ils constatent que les risques s'accumulent. Les concurrents peuvent rattraper leur retard. Le marché peut être en train de changer. L'équipe fondatrice est peut-être fatiguée. Il peut être plus judicieux de vendre maintenant que d'attendre un avenir incertain.

La voie du rêve : S'ouvrir au public

L'introduction en bourse transforme une entreprise privée en une entreprise publique. Les actions sont négociées en bourse. Tout le monde peut les acheter. L'entreprise accède aux marchés publics de capitaux.

Les startups suisses peuvent s'inscrire à la bourse suisse SIX Swiss Exchange. Elles peuvent aussi se tourner vers des bourses mondiales comme le NYSE ou le NASDAQ. Chaque voie comporte des règles et des avantages différents.

Règles de la SIX Swiss Exchange

Pour être cotées à la SIX Swiss Exchange, les entreprises doivent satisfaire à des critères spécifiques[12][13][14].

Capital social minimum : 25 millions de francs suisses de fonds propres déclarés au premier jour de négociation.

Valeur minimale de la marge libre : Le public doit détenir 25 millions de francs suisses d'actions.

Action minimale de flottant : Au moins 20% des actions cotées en bourse doivent être détenues par le public.

Ces règles garantissent que suffisamment d'actions sont négociées publiquement pour créer un véritable marché. Les entreprises doivent également fournir des rapports financiers conformes aux normes IFRS ou US GAAP[14]. Un document officiel doit être préparé et approuvé par un organisme de contrôle agréé.

Les émetteurs suisses sont confrontés à des règles de gouvernance supplémentaires. L'Ordonnance contre les rémunérations excessives (OAEC) exige que les actionnaires votent sur les rémunérations du conseil d'administration et des dirigeants dès le premier jour de cotation[15]. Cette disposition reflète l'approche stricte de la Suisse en matière de “say on pay”.

Calendrier : Une introduction en bourse à la SIX Swiss Exchange dure généralement de quatre à six mois[14]. Ce délai comprend deux à trois mois pour la préparation des documents. Il faut également compter environ cinq semaines pour l'approbation formelle.

Exemples récents d'introductions en bourse en Suisse

"On AG" a réalisé la plus grande introduction en bourse récente d'une startup suisse. L'entreprise de chaussures de course a levé $746 millions sur le NYSE en septembre 2021[4]. On AG a fait partie du TOP 100 des startups suisses en 2014 et 2015. L'entreprise a choisi une cotation aux États-Unis pour accéder à des pools de capitaux plus importants. Elle souhaitait également bénéficier d'une visibilité mondiale.

BioVersys, une société de biotechnologie bâloise, est entrée en bourse sur le SIX Swiss Exchange en février 2025[5]. L'introduction en bourse a conduit à une capitalisation boursière d'environ 216 millions de francs suisses sur la base du prix d'ouverture. La bourse nationale suisse reste une voie viable pour les entreprises de deeptech.

ONWARD Medical a également suivi la voie de l'introduction en bourse[4]. Les entreprises suisses de technologies médicales peuvent accéder aux marchés publics lorsqu'elles atteignent une taille suffisante.

Pourquoi les introductions en bourse sont moins fréquentes

Les introductions en bourse, c'est bien. Alors pourquoi si peu de sorties de startups suisses se font de cette manière[1][2] ?

Coût et travail : L'introduction en bourse nécessite un travail juridique important. Il faut des audits comptables. Il faut déposer des documents réglementaires. Il faut des honoraires de conseil. Ces coûts se chiffrent en millions de francs.

Tâches permanentes : Les entreprises publiques doivent publier des résultats trimestriels. Elles sont confrontées à des actions en justice intentées par des actionnaires. Elles sont soumises à l'examen des marchés publics. La direction consacre beaucoup de temps aux relations avec les investisseurs.

Risque lié à la synchronisation des marchés : Les fenêtres d'introduction en bourse s'ouvrent et se ferment en fonction des conditions du marché. Si les marchés s'effondrent avant votre introduction en bourse, vous risquez d'attendre des années avant que les conditions ne s'améliorent.

Besoins en taille : La plupart des start-ups suisses ne sont tout simplement pas assez grandes pour justifier une introduction en bourse. Supposons que votre entreprise vaille entre 30 et 50 millions de francs suisses. Il est plus judicieux de procéder à un rachat que de supporter les coûts d'une introduction en bourse.

Le point de vue du fondateur sur les introductions en bourse

Pour les fondateurs, l'introduction en bourse permet de conserver le contrôle et l'héritage. Vous restez PDG. L'entreprise conserve son nom et sa culture. L'équipe reste soudée. Vous pouvez continuer à construire une vision à long terme.

Mais les marchés publics créent de nouvelles pressions. Si vous manquez un objectif de bénéfice trimestriel, vos actions chutent. Les investisseurs activistes peuvent exiger des changements de stratégie. L'accent n'est plus mis sur l'innovation à long terme, mais sur les résultats trimestriels.

La préparation de l'introduction en bourse est intense. Vous passerez des mois avec des avocats et des comptables. Vous organisez des tournées de présentation et rencontrez des investisseurs potentiels. Vous vous soumettez à l'examen des règles. De nombreux fondateurs trouvent ce processus fatigant.

Le point de vue des investisseurs sur les introductions en bourse

Pour les premiers investisseurs, une introduction en bourse crée des options de trésorerie, mais pas des sorties instantanées. La plupart des introductions en bourse prévoient des périodes de blocage de 90 à 180 jours. Pendant cette période, les investisseurs précoces ne peuvent pas vendre d'actions[16].

Après la fin du blocage, les investisseurs doivent vendre avec prudence. L'abandon de gros blocs d'actions peut faire chuter le cours de l'action. Ils vendent généralement leurs actions sur plusieurs mois ou années.

Les introductions en bourse peuvent générer d'excellents rendements. Supposons que vous investissiez 10 millions de francs suisses. L'entreprise entre en bourse pour une valeur de 500 millions de francs. Votre participation a été multipliée par 50. Mais ce résultat est rare.

Autres voies de sortie à connaître

Outre les rachats et les introductions en bourse, il existe d'autres possibilités de sortie. Ces voies sont moins courantes en Suisse. Mais elles méritent d'être connues.

Sociétés d'acquisition à but spécifique (SPAC)

Les SPAC offrent une voie d'accès plus rapide aux marchés publics. Une SPAC est une société qui lève des fonds par le biais d'une introduction en bourse dans un premier temps, puis qui achète une société privée dans un second temps. La société achetée entre en bourse au moment de la transaction.

Energy Vault:, une société suisse de stockage d'énergie, a fusionné avec Novus Capital II, une SPAC[4] basée aux États-Unis. La société issue de cette fusion a commencé à être cotée à la Bourse de New York sous le symbole NRGV. L'opération a été conclue après qu'Energy Vault a bouclé un tour de financement de série C. La société a également validé sa technologie à l'échelle commerciale.

La popularité des SPAC a atteint son apogée en 2021. Depuis lors, la tendance s'est ralentie à l'échelle mondiale. La SIX Swiss Exchange a autorisé la cotation des SPAC à partir de novembre 2021[17]. Mais le marché n'a pas connu beaucoup d'activité depuis le boom initial.

Pour les fondateurs, les SPAC offrent un accès plus rapide au marché public que les introductions en bourse classiques. Pour les investisseurs, elles permettent d'obtenir des liquidités plus rapidement. Cependant, les opérations des SAVS impliquent souvent des négociations complexes. L'examen des règles s'est également accru.

Ventes secondaires et liquidités partielles

Certains fondateurs et employés de la première heure vendent des actions à de nouveaux investisseurs avant de se retirer définitivement de l'entreprise. C'est ce qu'on appelle une vente secondaire. L'entreprise ne lève pas de nouveaux capitaux. Au lieu de cela, les actionnaires actuels vendent leur participation personnelle.

Les marchés secondaires restent peu développés dans le système suisse[18]. Les investisseurs veulent des liquidités avant une sortie définitive. Mais il est difficile de trouver des acheteurs pour les actions privées. Les prix ne sont pas clairs. Les limites légales restreignent souvent les possibilités d'achat.

Rachats d'entreprises et restructurations monétaires

Dans le cadre d'un rachat par les cadres (MBO), l'équipe dirigeante de l'entreprise rachète les investisseurs actuels. Cette voie est la plus efficace pour les entreprises rentables qui génèrent des flux de trésorerie réguliers.

Les MBO sont rares pour les startups financées par le capital-risque. Les investisseurs en capital-risque recherchent généralement des rendements plus importants que ceux qu'un MBO peut offrir. Mais pour les entreprises autofinancées ou celles dont la croissance est modeste, un MBO peut donner aux fondateurs un contrôle total.

La restructuration financière implique une réorganisation de l'actionnariat de l'entreprise. De nouveaux investisseurs peuvent racheter les anciens. La dette peut remplacer les capitaux propres. Ces opérations complexes permettent de résoudre des problèmes spécifiques. Mais ce ne sont pas des plans de sortie courants.

Dynamique transfrontalière des sorties de Suisse

Le marché suisse des startups est profondément mondial. Environ 85% du financement de la deeptech suisse provient de sources étrangères[10]. Les sociétés mondiales de capital-risque investissent massivement dans l'innovation suisse. Cela crée un pipeline naturel pour les rachats transfrontaliers.

Lorsque des sociétés de capital-risque étrangères financent des startups suisses, elles les mettent souvent en relation avec des acheteurs potentiels appartenant à leurs réseaux. Une société de capital-risque basée aux États-Unis qui investit dans une entreprise suisse spécialisée dans l'IA saura quels géants de la technologie de la Silicon Valley pourraient être intéressés par cette technologie.

Les PME suisses sont également devenues plus actives en tant qu'acheteurs. En 2023, les PME suisses ont réalisé un nombre record de 76 opérations de fusion et d'acquisition à l'étranger[19]. Elles ont profité de la force du franc suisse. Bien que cette tendance s'applique aux PME en général, et pas seulement aux startups, elle montre que les entreprises suisses se comportent de plus en plus comme des acheteurs sur la scène mondiale.

La raison stratégique des rachats d'entreprises par des étrangers est centrée sur trois facteurs. Premièrement, la technologie et les brevets. Deuxièmement, le talent et les compétences. Troisièmement, la preuve qui découle de la création d'une entreprise dans le système rigoureux de la Suisse[10].

La réalité des sorties ratées

Toutes les startups ne connaissent pas une issue favorable. Certaines entreprises ferment tout simplement leurs portes.

En 2023, 206 startups suisses de la base de données Startupticker ont été fermées[20], soit plus du double du nombre de startups (88) qui ont cessé leurs activités en 2022.

La situation était pire pour les entreprises financées par le capital-risque. En 2023, 73 startups qui avaient obtenu un financement ont été fermées[20], soit près de quatre fois plus que les 19 fermetures de 2022.

Pourquoi les startups échouent-elles avant d'être sorties du marché ? L'adéquation produit-marché n'apparaît jamais. Le financement s'épuise. Les concurrents gagnent. Le marché change. Les défis techniques sont trop importants. Les équipes fondatrices se séparent.

Un détail important : alors que les statistiques générales suggèrent que la moitié des nouvelles entreprises échouent dans les cinq ans, les startups réellement innovantes ont des taux d'échec beaucoup plus faibles[10]. Une startup suisse dotée d'une technologie solide, d'un soutien universitaire et d'une traction précoce a plus de chances qu'une petite entreprise ordinaire de s'inscrire.

Pour les investisseurs, ces taux d'échec expliquent pourquoi la répartition du portefeuille est importante. Supposons que vous investissiez dans 10 start-ups. Trois d'entre elles échouent complètement. Six sortent par le biais de rachats modestes. L'une d'entre elles réussit une sortie en fanfare. Votre portefeuille peut encore bien se porter. Les gagnants doivent compenser les pertes.

Pour les fondateurs, connaître le risque d'échec, c'est se renforcer. Garder une longue marge de manœuvre. Franchir des étapes qui permettent de débloquer des fonds supplémentaires. Nouer des liens avec plusieurs acheteurs potentiels. Garder les options ouvertes.

Combien de temps dure réellement une sortie ?

Les fondateurs estiment souvent que les délais de sortie sont trop courts. Les données du Swiss Startup Radar montrent que le délai moyen entre la création et la sortie est d'environ 10 ans[21].

C'est plus long que ce que la plupart des fondateurs prévoient au départ. Lorsque vous levez votre capital d'amorçage, une décennie semble impossible à atteindre. Mais il faut du temps pour créer une entreprise attrayante pour les acheteurs ou prête pour les marchés publics.

Le secteur des sciences de la vie tend vers des délais encore plus longs. Les entreprises de biotechnologie ont besoin d'années pour les essais cliniques. Les processus d'approbation des règles prolongent le voyage. Il faut compter 12 à 15 ans entre la création et la sortie d'une entreprise de biotechnologie.

Les entreprises de logiciels et de fintech peuvent évoluer plus rapidement. Si vous avez une bonne adéquation produit-marché et une croissance rapide du chiffre d'affaires, vous pouvez sortir de l'entreprise en 5 à 7 ans. Mais cela reste plus long que les 3 à 4 ans qu'imaginent de nombreux créateurs d'entreprise.

Pour les investisseurs, la moyenne sur 10 ans détermine la stratégie du portefeuille. Si vous investissez dans un fonds à 10 ans, les entreprises que vous avez financées la première année peuvent se retirer juste au moment où le fonds est clôturé. Les investissements ultérieurs peuvent ne pas sortir avant la fin de la durée du fonds.

Connaître ces échéances permet de fixer des objectifs concrets. Une sortie au cours de la cinquième année est rapide. Une sortie au cours de la dixième année est typique. Une sortie dans l'année 15 peut se produire (et mettre à l'épreuve la patience de chacun dans l'intervalle).

Préparation à la sortie : ce qui compte vraiment

Que vous planifiez un rachat ou une introduction en bourse, certaines étapes préparatoires augmentent vos chances de réussite.

Nettoyer la table des bouchons : Les acheteurs et les souscripteurs d'introductions en bourse examinent attentivement la structure de votre actionnariat. Une table de capitalisation comportant des dizaines de petits investisseurs pose des problèmes. Des parts de propriété peu claires créent des problèmes. Les litiges non résolus créent des problèmes. Veillez à ce que votre tableau de capitalisation soit simple et bien suivi dès le premier jour.

Une propriété intellectuelle claire : Chaque brevet, marque et élément de technologie doit clairement appartenir à l'entreprise. Les fondateurs conservent parfois la propriété personnelle de la propriété intellectuelle. Les entreprises issues de l'université sont parfois confrontées à des conditions de licence peu claires. Il convient de résoudre ces problèmes dès le début.

Systèmes financiers solides : Les acheteurs feront preuve de diligence financière. Ils veulent des comptes clairs. Ils veulent un décompte clair des recettes. Ils veulent des états financiers audités. Les introductions en bourse exigent la conformité aux IFRS ou aux US GAAP[14]. Mettez en place des systèmes comptables appropriés avant d'en avoir besoin.

La répartition des clients : Supposons qu'un client représente 80% de votre chiffre d'affaires. Les acheteurs perçoivent le risque. Que se passe-t-il si ce client s'en va ? En répartissant votre clientèle, vous rendez votre entreprise plus attrayante et plus précieuse.

Plusieurs voies possibles : Ne vous fixez pas trop tôt sur une seule voie de sortie. Un fondateur qui ne souhaite qu'une introduction en bourse risque de rejeter de bonnes offres de rachat. Un investisseur qui ne s'attend qu'à un rachat risque de passer à côté d'un potentiel d'introduction en bourse. Gardez les options ouvertes aussi longtemps que possible.

A retenir pour les fondateurs et les investisseurs suisses

Le système suisse de création d'entreprises offre de multiples voies d'accès à l'argent liquide. Mais ces voies sont souvent différentes de ce que les fondateurs attendent au départ.

Si vous êtes un fondateur, prévoyez un voyage de 10 ans. Établissez des liens avec des acheteurs potentiels dans votre secteur. Sachez que votre sortie se fera très probablement par le biais d'un rachat et non d'une introduction en bourse. Préparez votre entreprise à ce résultat le plus probable. Mais laissez de la place pour d'autres options.

Si vous êtes un investisseur, fixez les objectifs de votre portefeuille principalement en fonction des fusions et acquisitions. Recherchez des entreprises en phase de démarrage ayant un potentiel de rachat évident. Jugez les équipes fondatrices sur leur capacité d'exécution sur un horizon de dix ans. Sachez que la plupart des rendements proviennent de quelques grands gagnants, et non de gains réguliers sur l'ensemble des investissements.

Les données montrent que les fusions et acquisitions resteront la principale voie de sortie. Mais des entreprises suisses comme On AG, BioVersys et ONWARD Medical prouvent que les introductions en bourse peuvent fonctionner pour les entreprises qui atteignent une taille suffisante. D'autres voies, comme les SPAC, offrent des options pour des situations spécifiques.

Chez CapiWell, nous mettons en relation des investisseurs suisses avec des startups en phase de croissance qui ont dépassé le stade de la preuve de concept. Ces entreprises sont en train de construire les voies de sortie décrites dans cet article. Que vous soyez un fondateur préparant une future acquisition ou une introduction en bourse, ou un investisseur cherchant à entrer à un stade où les délais de sortie sont plus clairs, le fait de comprendre où le voyage mène détermine la façon dont vous le planifiez. L'écosystème suisse offre des bases solides. Il existe de multiples voies d'accès à la liquidité. Le succès exige une planification réaliste et une exécution patiente sur plusieurs années, et non sur plusieurs mois.

Références

[1] Startup.ch, “Swiss Exits and IPOs in 2020” (sorties et introductions en bourse en Suisse en 2020)”

[2] Startup-Exit.ch, “Rekord an Exits in der Schweiz im Jahr 2021”

[3] Greater Geneva Bern Area, “Swiss Start-ups Secure CHF 2.4 Billion in 2024 Amid Shifting Investment Trends” (Les start-up suisses obtiennent 2,4 milliards de francs suisses en 2024 dans un contexte d'évolution des tendances en matière d'investissement)”

[4] TOP 100 Startups, “Exits & IPOs of TOP 100 Swiss Startups since 2021” (sorties et introductions en bourse des 100 premières startups suisses depuis 2021)”

[5] SIX Group, “Going public with the Swiss Stock Exchange” (entrer en bourse avec la bourse suisse)”

[6] Startupxplore, “Quelles sont les meilleures stratégies de sortie pour les startups et les investisseurs ?”

[7] Podcast Swisspreneur

[8] OneAdvanced, “How long does the M&A process take ?” (Combien de temps dure le processus de fusion et d'acquisition ?)”

[9] Baker McKenzie Resource Hub, “Listing documentation and process | SIX Swiss Exchange”

[10] startupticker.ch, “How the Swiss start-up ecosystem is performing in the current financing crisis” (Comment l'écosystème suisse des start-up se comporte-t-il face à la crise financière actuelle)”

[11] startupticker.ch, “2,4 milliards de francs suisses pour les start-ups suisses”

[12] Lexology, “In review : governing rules for IPOs in Switzerland” (en anglais)”

[13] Baker McKenzie Resource Hub, “Listing documentation and process | SIX Swiss Exchange”

[14] Baker McKenzie Resource Hub, “Quick Summary | SIX Swiss Exchange | Cross-Border Listings Guide”

[15] Lexology, “En bref : La gouvernance des IPO en Suisse”

[16] startupticker.ch, “Nombre de liquidations de startups en hausse”

[17] Global Legal Insights, “Initial Public Offerings Laws & Regulations | Switzerland” (en anglais)”

[18] SICTIC, “Secondary markets & Shareholder Pooling - Entrepreneur Survey” (Marchés secondaires et regroupement d'actionnaires - Enquête auprès des entrepreneurs)”

[19] Deloitte, “Sharp decline in M&A activity, while Swiss SMEs acquire a record number of foreign companies” (Forte baisse des activités de fusion et d'acquisition, alors que les PME suisses acquièrent un nombre record d'entreprises étrangères)”

[20] startupticker.ch, “Nombre de liquidations de startups en hausse”

[21] Fintech News Switzerland, “Startup Exits on the Rise in Switzerland : Study”

Préparation à la sortie : ce qui compte vraiment

Que vous planifiez un rachat ou une introduction en bourse, certaines étapes préparatoires augmentent vos chances de réussite.

Nettoyer la table des bouchons: Les acheteurs et les souscripteurs d'introductions en bourse examinent attentivement la structure de votre actionnariat. Une table de capitalisation comportant des dizaines de petits investisseurs pose des problèmes. Des parts de propriété peu claires créent des problèmes. Les litiges non résolus créent des problèmes. Veillez à ce que votre tableau de capitalisation soit simple et bien suivi dès le premier jour.

Une propriété intellectuelle claire: Chaque brevet, marque et élément de technologie doit clairement appartenir à l'entreprise. Les fondateurs conservent parfois la propriété personnelle de la propriété intellectuelle. Les entreprises issues de l'université sont parfois confrontées à des conditions de licence peu claires. Il convient de résoudre ces problèmes dès le début.

Systèmes financiers solides: Les acheteurs feront preuve de diligence financière. Ils veulent des comptes clairs. Ils veulent un décompte clair des recettes. Ils veulent des états financiers audités. Les introductions en bourse exigent la conformité aux IFRS ou aux US GAAP[14]. Mettez en place des systèmes comptables appropriés avant d'en avoir besoin.

La répartition des clients: Supposons qu'un client représente 80% de votre chiffre d'affaires. Les acheteurs perçoivent le risque. Que se passe-t-il si ce client s'en va ? En répartissant votre clientèle, vous rendez votre entreprise plus attrayante et plus précieuse.

Plusieurs voies possibles: Ne vous fixez pas trop tôt sur une seule voie de sortie. Un fondateur qui ne souhaite qu'une introduction en bourse risque de rejeter de bonnes offres de rachat. Un investisseur qui ne s'attend qu'à un rachat risque de passer à côté d'un potentiel d'introduction en bourse. Gardez les options ouvertes aussi longtemps que possible.

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